Ouattara Lancina, président de l’Association des hôteliers, restaurateurs et acteurs du tourisme (HOREST): « Si on met le tourisme au début du développement, il n’y aura pas de chômage »
Le secteur du tourisme et de
l’hôtellerie sort peu à peu du marasme qui l’a frappé après l’attaque djihadiste
du 13 mars 2016. Dans cet entretien, Ouattara Lancina, président des hôtels
Wharf et International de Grand-Bassam et de l’Association des hôteliers,
restaurateurs et acteurs du tourisme (HOREST), parle de la relance du secteur.
ACEPNUCI
: Peut-on connaître l’état de santé de votre structure ?
Ouattara Lancina - La situation est
mi-figue mi-raisin. Mais déjà il faut remercier Dieu pour la santé et la paix
qu’il nous a données. La paix est élément très important pour nous les
hôteliers. Les activités tournent autour de 35 à 40% du taux de remplissage. Ce
n’est pas mal, on ne peut pas trop se plaindre cette année, surtout avec ce que
nous avons vécu ici, le 13 mars 2016.
ACEPNUCI
:Qu’est-ce qui a guidé à la création de votre structure ?
Ouattara Lancina -Horest a été créé,
il y a 9 ans. C’est après les élections de 2016 que le choix des acteurs s’est
porté sur ma personne. Depuis cette date, nous essayons de faire de cette
association, une association de défense des intérêts des hôteliers à
Grand-Bassam et ailleurs parce que très bientôt, Horest sera nationale. Notre
objectif est de faire de ce secteur, un vrai secteur apporteur d’argent. Notre
leitmotiv c’est « le tourisme d’abord, le reste après ». Parce que le tourisme
est un levier de développement très puissant. Si un pays est véritablement
touristique, je pense que tout ce que nous cherchons, pourra se développer
autour de ça. C’est ma conviction, le tourisme doit être l’un des moteurs pour
le développement de la Côte d’Ivoire.
ACEPNUCI
:Qu’est-ce qui a été fait et qu’est-ce qui reste à faire ?
Ouattara Lancina -En un an, nous avons
fait beaucoup de choses. Nous avons participé pratiquement à tous les salons,
le SITA, le SARA etc. Nous avons organisé des événements ici à Grand-Bassam.
Notamment la journée de l’espoir pour appeler la clientèle ici à Grand-Bassam,
après le malheur que nous avons eu avec l’attaque djihadiste, la journée
mondiale des zones humides (JMZH) en février. C’est la première association en
Côte d’Ivoire qui a réussi à fêter cet événement. Grand-Bassam fait partie des
zones humides. Nous avons aussi organisé le concert de l’espoir toujours pour
ramener de la clientèle à Grand-Bassam. Il fallait ramener la confiance à
Grand-Bassam. Cela nous a permis de remettre Bassam sur les rails. Je pense que
c’est le fruit de ce qui a été fait qu’on récolte aujourd’hui. Mais malgré ça,
ce n’est toujours pas facile. Nous avons eu un partenariat avec la maison du
patrimoine culturel, un séminaire de formation à la bonne gouvernance, nous
avons eu une séance de formation avec le Canada. Nous avons fait venir des
Canadiens ici à Bassam pour nous former en tourisme, pour voir comment le
tourisme peut avancer. Le jackpot, c’est la signature de convention avec
l’Association des chefs d’entreprise de presse numérique de Côte d’Ivoire
(ACEPNUCI) qui a été une bouffée d’oxygène pour nous. Nous pensons qu’il faut
beaucoup communiquer pour atteindre nos objectifs. Nous sommes reconnus au plan
mondial parce nous sommes ambassadeurs du patrimoine mondial de l’UNESCO. En
général avec la crise que le pays a connue, le secteur du tourisme a pris un
coup. On était à 25% et puis les choses ont commencé à se réveiller lorsque
l’attaque du 13 mars est survenue. Nous avons passé un an de disette. Le
gouvernement a essayé de nous venir en aide mais ce n’était qu’une goutte d’eau
dans la mer. Nous étions nombreux à connaître les difficultés. Il aurait fallu
aller plus fort notamment dans la fiscalité, les facteurs de courant,
malheureusement ce n’était pas le cas. Beaucoup d’entre nous ont encore des
arriérés d’impôt. Nous continuons de subir les effets du 13 mars. Aujourd’hui,
avec le retour de la paix, les gens ont commencé à refaire confiance à
Garnd-Bassam.
ACEPNUCI
:Qu’est-ce qui fait la difficulté du propriétaire d’hôtel à Grand-Bassam ?
Ouattara Lancina -C’est la volonté
politique. Un exemple banal. La France fait 63 millions d’habitants mais elle a
83 millions de visiteurs chaque année. Ce qui rapporte des milliards d’euros à
la France. La tour Eiffel est classée première au plane touristique dans le
monde. Si un seul visiteur ne dépense qu’un seul euro, cela fait 83 millions
d’euros. Si on met le tourisme au début du développement, il n’y aura pas de chômage.
Tous les secteurs sont pourvus. Nous avons des cuisiniers, des serveurs, des
guides touristiques, des gens qu’on emploi en plein temps. Tous les grands pays
aujourd’hui se portent vers le tourisme, même le Qatar, un grand pays de
pétrole avec Dubaï. La Chine est devenue un très pays touristique aujourd’hui.
Jepense que le tourisme est la première sauce qu’on doit pouvoir préparer. Nous
avons nos valeurs, il faut les mettre en exergue parce qu’aucun peuple ne peut
avancer sans ses propres valeurs.
ACEPNUCI
: Un mot sur l’avenir de votre association ?
Ouattara Lancina -Je pense qu’il est
très radieux. Nous sommes convaincus que c’est étant rassemblés qu’on peut
créer un vrai circuit touristique en Côte d’Ivoire. Parce qu’il faut aller
chercher les touristes. Mais s’ils arrivent et qu’ils ne trouvent pas des
complexes hôteliers à la grandeur et à la mesure de leur attente, cela ne
marchera et c’est ensemble qu’on peut le faire. Il ne s’agit pas du Wharf hôtel
et de l’hôtel international dont je suis le président, il faut que tout le
reste suive.
ACEPNUCI
: Que préparez-vous pour les fêtes de fin d’année ?
Ouattara Lancina -Vous me donnez
l’occasion de parler du Wharf hôtel et de l’international qui sont des
complexes sur lesquels nous comptons beaucoup pour développer le tourisme en
Côte d’ivoire. Nous avons prévu pour le 30 décembre une fête au niveau de
l’International hôtel que nous avons appelé la soirée salsa pour égayer les
anciens. Déjà le 24 décembre, c’est la fête de Noël qui est plus familiale.
Nous recevons des familles au Wharf et à l’International hôtel et nous avons
fait des prix vraiment « cadeau de Noël ». Nous avons fait des réductions
jusqu’à hauteur de 25% pour les chambres. Je pense que les familles peuvent
venir fêter Noël avec nous oùnous avons créé un arbre de Noël avec de la
musique. Le 31 décembre sera soft pour repartir requinquer pour la nouvelle
année.
ACEPNUCI
: Qu’est-ce qui est prévu pour les nouveaux clients de 2018 ?
Ouattara Lancina -Bien sûr que nous
allons avoir de nouveaux clients grâce à vous les acteurs des médias et surtout
grâce à votre association que nous voyons déjà comme une grande structure. Le
tourisme ne peut pas aller sans la presse et vis-versa. Il ne faut pas dormir
sous ses lauriers, il faut travailler et c’est par le travail que nous allons
glaner d’autres lauriers. Mes vœux, c’est de faire de Grand Bassam, le hub du
tourisme mondial. Il faut rêver grand. Mes vœux également c’est de voir votre
association grandir pour servir la Côte d’Ivoire parce que la Côte d’Ivoire a
besoin aussi qu’on parle d’elle. Je demande à vos organes d’avoir es espaces
pour le tourisme, il y tellement de choses à faire. C’est un pays vierge et le
tourisme doit pouvoir nous y aider. C’est l’occasion aussi pour moi de
souhaiter une très bonne et heureuse année à nos partenaires, à tous ceux qui
nous ont fait confiance et ont fait confiance à Grand-Bassam, la première
capitale. Je remercie les dirigeants de ce pays qui nous ont permis d’avoir
cette accalmie. Je dis à la population de Côte d’Ivoire qu’on ne peut rien
réussir sans la paix. Rien n’est possible sans la paix. Nous avons commémoré
l’anniversaire de Félix Houphouët-Boigny, un grand homme qui avait une vision.
Il avait déjà misé sur le tourisme des années avant. On avait des Sietho, des
parcs animaliers, le rallye de Bandama de Côte d’Ivoire, c’est tout cela qu’on
veut voir revenir en Côte d’Ivoire.