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Côte d’Ivoire/Interview -1ère partie : Abdoulaye Sylla révèle l'origine du phénomène des ''Gnambros''

ivoirinter24 14 Sep 2016 - 17H58

Dans cette interview, Abdoulaye Sylla, Président du collectif des Fédérations des syndicats des chauffeurs professionnels, dépeint le tableau peu reluisant du secteur des transports terrestres en Côte d’Ivoire. Pour la modernisation du secteur, tout en levant le voile sur l’origine, il déplore le phénomène des ‘’Gnambros’’ qui est une difficulté majeure. Mais qui, selon lui, a été un mal nécessaire.

 

Président, comment le phénomène ‘’Gnambros’’ est entré dans le transport en Côte et les autres Etas de l’Afrique de l’ouest puisque par le passé cela n’existait pas ? 

 

C’est après  les élections de 1981 que Fofana Yaya étant président du syndicat unique des transporteurs de Côte d’Ivoire a été contacté par le commissaire Sanogo d’Adjamé qui avait un sérieux problème de sécurité dans la commune. C’était l’insécurité totale à Adjamé. Pour régler ce problème sécuritaire, le commissaire Sanogo a demandé à Fofana Yaya d’organiser les jeunes en les insérant dans les gares d’Adjamé pour les occuper à charger les véhicules. Pour le commissaire Sanogo, en les regroupant, ces jeunes pourront être faciles à repérer. C’est depuis ce moment que ces jeunes ont commencé à charger ces véhicules et à encaisser 25 où 50 FCFA après le chargement. En 1986, Fofana Yaya perd les élections en faveur de Kassoum Coulibaly. Les autres jeunes qui ont soutenu Kassoum Coulibaly s’organisent alors pour reprendre les gares aux mains de ceux de Fofana Yaya. Il est bon de savoir que ces jeunes au début étaient connus sous l’appellation de ‘’Gros bras’’ ou ‘’Loubards’’. Petit à petit cette activité s’est transformée en emploi, cette jeunesse trouve un autre crédo, ce qui fait baisser l’insécurité à Adjamé. En 1991, d’autres élections ont lieu et Fofana Yaya voulant à tout prix revenir, des palabres éclatent. C’est ainsi que pour résoudre le problème, Feu Félix Houphouët Boigny autorise la liberté syndicale. Alors plusieurs syndicats sont créés avec la multiplication des gares dans le District d’Abidjan et sur l’ensemble du territoire national. Et pour contrôler une gare, il faut recruter des jeunes pour mener les batailles. Et actuellement, les maires des différentes communes d’Abidjan sont entrés dans le mouvement pour disent-ils donner du travail à la jeunesse de leurs différentes communes. Le phénomène ‘’Gnambros’’ est en train d’être récupéré par toutes les municipalités. C’est par ailleurs ce qui explique que les gares routières pour comme des champignons.

 

Président Sylla Abdoulaye, depuis quand exercez-vous dans le secteur des transports terrestre ?

 

J’exerce dans le secteur du transport routier depuis 1980. J’ai commencé ce métier comme conducteur de minicars où j’ai pratiquement passé dix ans avant d’entrer dans les compagnies de transport par car, à l’instar de l’Union des Transporteurs de Bouaké (UTB). Là aussi, j’ai bossé comme conducteur pendant neuf ans. C’est après ces 19 années de conduite que je suis entré dans le syndicalisme pour défendre les intérêts de mes collègues conducteurs.

 

Qu’est-ce qui a pu expliquer ce changement ?

 

J’ai remarqué que notre métier qui est très noble empreint de professionnalisme se termine toujours mal à la fin parce qu’une fois à la retraite, on ne bénéficie pas des avantages de l’ancienneté. Car, c’est un secteur qui n’est pas règlementé, les employés ne sont pas payés avec des salaires décents ni de déclaration à la CNPS, ni de contrat de travail, c’est à la limite un travail dérisoire. Selon les fantasmes et humeurs du propriétaire du véhicule, vous pouvez à tout moment être débarqué sans préavis avec sans prime de départ. C’est donc ce m’a motivé à réunir les conducteurs professionnels afin de défendre nos intérêts. Et c’est dans ce sens que j’ai créé ce syndicat. Nous qui avons eu la chance d’intégrer des compagnies de transport, payés avec un bulletin de salaire et déclarés à la CNPS, étions toujours en train de revendiquer puisque la convention professionnelle n’était pas respectée.

 

Combien d’années avez-vous passé dans le syndicalisme ?

 

J’ai été délégué syndical et ensuite secrétaire du syndicat national des conducteurs de Côte d’Ivoire. C’est en 2003 que nous avons créé le collectif de la fédération qui est une faitière. Je suis aujourd’hui à la tête de la fédération mais aussi président du collectif où plusieurs syndicats de conducteurs professionnels se sont ralliés pour la lutte. Parce que nous sommes dans un pays où des autorités ont toujours refusé de signer la convention contenue dans l’annexe fiscal. C’est après plusieurs discussions avec le ministre actuel, Gaoussou Touré, que tout est entré dans l’ordre. Car, tous les acteurs ont enfin paraphé  le document. Sinon, il faut remarquer au passage que tous ces accidents sur les routes à longueur de journées sont causés par le fait que tous les conducteurs de minicars n’ont pas de salaires et devraient se payer avec la plus-value de la recette. Il faut alors gagner du temps. Pour revenir à la question, cela me fait 17 années de lutte syndicale.

 

Combien de syndicats regroupe la fédération ?

 

La fédération regroupe 12 syndicats de base. Ce sont les secteurs poids lourds, cars, minicars, bâchées de ramassages, taxis compteurs et communaux.

 

Qu’attendez-vous des autorités au-delà de la convention professionnelle qui est signée ?

 

Aujourd’hui toutes nos préoccupations sont en train d’être prises compte par les gouvernants actuels. En ce moment, tout le monde parle de modernisation, or notre secteur est encore dans l’informel. Ce qui veut dire qu’il faut d’abord le formaliser. Le ministre Gaoussou Touré a bien compris en revoyant les textes les textes du fonds de développement des Transports (FDT). Car, créé en 2009, ce fonds n’a pas été mis en place. Car, par le passé ce n’était qu’un décret. Or, on est d’accord qu’un banquier ne peut pas accorder de crédit à une société de transporteurs sur la base d’un simple décret. Pour rappel, lorsque le décret a été signé en 2009, on nous a réunis dans une salle pour nous demander d’aller voir des banquiers pour des prêts afin de procéder au renouvellement de notre parc auto. Ce qui était quasiment impossible. C’est maintenant que le ministre Gaoussou a revu les textes de l’article 1 à l’article 18 pour faire de ce fonds un Groupement d’intérêt économique (GIE). Et depuis 2015, le comité a repris le travail. C’est important à ce niveau de préciser que c’est à travers ce fonds que le secteur sera assaini. Le nouveau texte précise que dans l’avenir pour devenir transporteur, il faut créer une entreprise de transport avec déclaration obligatoire des travailleurs à la CNPS. Même dans les gares, les encaissements des ‘’Gnambros’’  sous le couvert des syndicats va prendre fin avec la nouvelle organisation. Le nouveau texte règle tout les problèmes actuels. Car, la cotisation va se faire volontairement et non avec force. Ce n’est sera plus une aubaine pour des jeunes désœuvrés viennent pour racketter. En même temps, je dis que pour le moment, il faut faire attention. Car, si on arrête subitement cette activité des ‘’Gnambros’’ de force sans réfléchir à la réforme, ce sera l’insécurité totale à Abidjan.

 

Adjoumani Kouassi-

 

Avec Actutransport.net

 

 

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