Déclaration: Konan Kouadio Siméon propose le report de l'élection en 2020
Mesdames et Messieurs, Honorables invités, Chers amis de la presse,
Je voudrais vous remercier pour
votre présence nombreuse ce matin à cette conférence de presse, conférence dont
j’ai pris l’initiative en vue d’échanger avec vous sur le thème :
CI : divorce des alliés au
pouvoir, le piège. Quelle alternative pour éviter le chaos ?
Ce matin, je me propose, dans un
premier temps et en guise de propos liminaire, de vous faire une brève déclaration
sur le sujet. Puis, dans un second temps, je me soumettrai volontiers aux
questions que vous voudrez bien me poser.
Mesdames et Messieurs, Honorables invités, Amis de la presse, Chers
compatriotes,
Depuis quelques semaines, notre
pays est à nouveau sujet à des tensions politiques. En effet, comme l’on pouvait
le pressentir depuis un certain temps, le couple axial et moteur de la
coalition au pouvoir, le PDCI-RDR, n’a pu surmonter ses divergences internes
dans la perspective de l’élection présidentielle 2020.
En temps normal, nous n’aurions pu
que regretter tout au plus, ce divorce, un acte devenu si banal et si courant sous
nos tropiques. Sauf qu’ici, et c’est le piège, objet de mon interpellation, il
ne s’agit pas de n’importe quel couple. Il s’agit ici d’un couple qui n’a
jamais eu de cesse de nous mettre en garde contre les conséquences gravissimes de
son éventuelle désunion sur l’ensemble de la nation. Et, à mon avis, nous
aurions torts de minimiser ou de sous-estimer une telle menace, au risque de
paraitre comme de véritables incorrigibles, au regard de notre histoire récente.
Le
16 juillet dernier, à l’occasion de l’assemblée constitutive du parti unifié de
la discorde, Monsieur Ouattara dont les avertissements et mise en gardes de
cette nature n’ont jamais été de vains mots, l’a encore et pour la énième fois
martelé en des termes assez claires : « Le président Bédié et moi savons
ce qu'ont coûté nos incompréhensions ». Quelques semaines auparavant,
l’ors du houleux bureau politique du PDCI RDA, l’un des grands défenseurs du
maintien du mariage, Monsieur Daniel Kablan Duncan, vice-président de la
république, lui-même surement dans les secrets des dieux, a tenu, non sans
gravité, à prévenir son parti du danger certain de cette rupture : «Si le
PDCI ruinait les espoirs du parti unifié, une guerre pourrait à nouveau
survenir en Côte d’Ivoire » Avait-il révélé.
Chers compatriotes, les choses peuvent
elle être plus claires ? Allons-nous encore faire preuve de la même
naïveté que hier ?
Depuis, le volcan ivoirien qui
n’était qu’en état de somnolence semble enclencher son processus d’activation. Les
éléments de langage nocifs de triste mémoire et les déclarations incendiaires
refont surface, les plans les plus cyniques s’échafaudent et l’on voit déjà se
dessiner à grands traits, le redoutable schéma de la métamorphose des forces en
deux machines de guerre.
Allons-nous commettre fatalement la
même erreur que hier ?
Allons-nous nous engager dans la
préparation de la bataille fratricide en nous rangeant comme hier dans notre
éternel 2 vs 1 mortel à l’issue toujours tragique et destructrice ?
Souvenons-nous du 2 vs 1 du front
républicain de 1995, le résultat a été 30 morts au boycott actif, un coup
d’état en 1999 et 300 morts à la présidentielle de 2000.
Souvenons-nous le tout sauf Bédié
et Ouattara de l’élection présidentielle de l’an 2000, le résultat a été une
rébellion meurtrière qui a défiguré
notre pays avec son lot de victimes dont on est encore sans bilan.
Souvenons-nous du 2 vs 1 de 2010,
le résultat a été au moins 3000 morts, des centaines de milliers de déplacés et
de réfugiés, un pays
profondément divisé, etc., etc…
A la lumière des derniers
développements, tout porte à croire
qu’une tendance majoritaire de l’opposition semble accréditer et même œuvrer
pour le front commun contre le RDR. Ce rassemblement d’une partie des ivoiriens
contre une autre partie aussi infime puisse-t-elle être, quoique légitime et stratégiquement
efficace pour gagner l’élection peut-il l’être autant pour gagner la
paix ?
Assurément non, si on s’en tient
aux expériences citées plus haut. Cette option, dans le contexte ivoirien
actuel gagne des élections mais elle ne gagne pas la paix. Bien au contraire,
elle conduit à la guerre et à l’affrontement fratricide.
Car en définitive, que
recherchons-nous ? Le pouvoir ou la paix ?
Je suis sûr que tous me
répondront : le pouvoir et la paix. J’ose croire qu’il n’y en aura aucun
pour me dire : moi c’est le pouvoir, la paix je m’en contrefiche. Car Je
ne connais aucun homme politique qui aimerait conquérir le pouvoir pour ne pas
avoir à l’exercer parce qu’on lui aura servi un coup d’état ou une rébellion.
Pour la Côte d’ivoire, comment atteignons-nous
ce double objectif du pouvoir et de la paix ?
Mes propositions :
La crise ouverte actuelle,
provoquée par l’implosion de la coalition au pouvoir et l’approche de la fin du
dernier mandat du Président Ouattara sonne clairement la fin d’un cycle. La fin
d’une génération qui aura été incapable de préserver l’héritage de paix légué
par les pères fondateurs et la fin d’un
système qui aura montré toutes ses limites et sa nocivité tant au plan social,
économique et politique. Le contexte actuel à nous légué à deux ans de la
prochaine élection présidentielle est une véritable bombe qu’il est vital pour
la nation de désamorcer avec la plus grande sagesse et la plus grande
délicatesse. Il impose de façon impérative et urgente la nécessité du consensus
national autour d’idées fédératrices et fondatrices d’un nouveau contrat social
au service du pardon, la réconciliation, et la paix et partant, de la cohésion
sociale, du développement de la Côte d’Ivoire et du bien-être social de nos
concitoyens.
Cela exige ici et dès maintenant,
l’ouverture d’un dialogue national pour la mise en place d’un nouveau cadre politique
inclusif pour la transition vers la nouvelle Côte d’Ivoire. Les lourds
contentieux accumulés tout le long de ces trois dernières décennies nous
imposent une halte. Tant d’années de rudes batailles, d’opposition des
différentes communautés, de destructions de biens et surtout de milliers de vies
humaines laissent forcément des séquelles et des frustrations, forgent des
mentalités et des réflexes qui ne peuvent être traités dans le feu de l’action.
Si nous voulons vraiment la paix durable et le développement de notre pays,
nous ne pouvons plus faire l’économie d’une véritable concertation nationale et
d’une véritable transition démocratique. C’est ici et maintenant à l’approche
de la fin du mandat de Monsieur Ouattara qu’il faut en poser avec
responsabilité et courage le principe et les termes au lieu de foncer tête
baissée vers une élection dont on sait d’ores et déjà qu’elle ne sera pas plus
paisible que celle de 2010. C’est dans
ce cadre consensuel et dans aucun autre, que peut se construire à la fois
l’action efficace pour la réconciliation et la paix, l’organisation et la
passation du flambeau à la nouvelle génération.
C’est pourquoi, j’en appelle à tous
les acteurs et en particulier au Président Henri Konan Bédié, en raison de sa
responsabilité morale historique (c’est à lui que le père de la nation a laissé
le pays) et en sa qualité de doyen d’âge de tous, pour le rassemblement de
tous sans exception afin d’en étudier les modalités.
Oui Monsieur le Président, Dieu vous redonne là l’occasion de rectifier
le tir. Agissez entant que père de tous et au-dessus de toute considération de
couleur politique. En agissant ainsi vous aiderez grandement à éviter le piège
de la division et à Transformer cette
mauvaise passe politique en un tournant gagnant pour la réconciliation
nationale et pour chaque habitant de ce pays.
Oui Monsieur le Président, tel est,
me semble-t-il le rôle qui vous revient de jouer à cette étape cruciale de la
vie de la nation. Ainsi, la conscience et le moral légers, vous pourrez tirer
votre révérence de la scène pour un repos bien mérité avec la reconnaissance de
la nation et surement, enfin, le repos de l’âme d’Houphouët Boigny.
Oui, leaders de tout bord Le
scenario gagnant ce n’est ni le parti unifié, ni une quelconque coalition. Le
scenario gagnant c’est la patrie unifiée, le scenario gagnant, ce n’est pas le
Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), le
scenario gagnant c’est le Rassemblement de tous les Ivoiriens pour la
Démocratie et la Paix (RIDP)
Appelons chaque fille et chaque fils
de la nation.
Appelons les enfants d’Houphouët, appelons
les enfants de Gbagbo, appelons les enfants d’Alassane, appelons les enfants de
wodié, appelons tous les enfants de Côte d’Ivoire au rassemblement autour de la
nation.
Appelons le PDCI, appelons le FPI, appelons
le RDR, appelons tous les partis, appelez tous les militants et
militantes de tous les partis.
Appelons toutes les forces vives de
la nation et ensemble rebâtissons l’unité nationale pour la renaissance de
notre pays.
Oui chers compatriotes, telle est,
j’en suis convaincu, le seul schéma, la seule alternative pour contourner le
piège de l’implosion et éviter le chaos qui se profile à l’horizon à notre
chère patrie, la Côte d’Ivoire.
Quant à moi, dans le sacerdoce qui
est le mien pour la réconciliation des filles et fils de ce beau pays que
nous aimons tous, je reste déterminé et activement saisi, à la disposition et
au service de la nation Jusqu'à ce que son salut paraisse, comme l'aurore, Et
sa délivrance, comme un flambeau qui s'allume.
Ainsi, dans le consensus, l’AMOUR
et en forgeant unis dans la foi nouvelle, nous auront tous et ensemble gagné le
pouvoir et la paix pour la patrie de la vraie fraternité.
Je vous remercie et que Dieu
Bénisse la Côte d’Ivoire !
Fait à Abidjan, le 31 juillet 2018
Konan Kouadio Siméon (KKS)