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Les chasseurs dozos, gardiens sacrés et encombrants du Nord ivoirien

Le monde Afrique 18 Nov 2019 - 06H51
Les chasseurs dozos, gardiens sacrés et encombrants du Nord ivoirien

Le Nord ivoirien en alerte. Cette police traditionnelle du Sahel sécurise les villages contre la menace terroriste. Alliée précieuse des autorités, mais parfois violente.

Dans la nuit de Korhogo, la plus grande ville du nord de la Côte d’Ivoire, quelques voitures se croisent sous les lampadaires. Soudain, trois hommes, fusil calibre 12 en main, chaudement vêtus et coiffés d’un chapeau tacheté, arrêtent leur véhicule tout-terrain et baissent la vitre : « Montez ! », lance celui qui semble être le chef du groupe. « On est un peu en retard, nous faisions nos rituels quotidiens », justifie Brahima Coulibaly, qui précise aussitôt : « Des sacrifices d’animaux. »

Malgré leur équipement, ces hommes au regard sévère ne sont ni gendarmes ni policiers. Ce sont des chasseurs traditionnels plus connus sous le nom de dozos. Jadis chargés de protéger les grands royaumes sahéliens des animaux féroces et de soigner les populations à l’aide de plantes médicinales, ils forment aujourd’hui un service d’ordre parallèle dans les villes et les villages, traquant délinquants, voleurs, trafiquants et coupeurs de routes. « Les animaux dangereux ont disparu, note Bakary Ouattara, secrétaire des dozos du nord. Nous nous sommes modernisés. » Ces chasseurs traditionnels, vêtus de la tête aux pieds d’habits semblables à des peaux d’animaux, armés d’un poignard, d’une carabine et de fétiches, sont jugés intouchables.

Pouvoir mystique

Chaque soir, cette patrouille circule dans les rues de la quatrième ville ivoirienne et va à la rencontre des différentes unités qui sécurisent les principaux carrefours et les boutiques. « Avec nos tenues, de nuit, on peut facilement se cacher. Dès qu’on voit une moto, on surgit et on l’encercle. Si elle n’a pas de phare, si elle nous semble volée ou si la personne transporte un couteau sans raison, on l’interpelle », détaille Joseph Soro, chef d’un secteur à la périphérie. Ce soir-là, un homme et sa femme se promènent à moto sur les chemins cahoteux. « Le numéro a été gratté, on ne peut pas le lire, c’est sans doute une moto volée, indique Brahima Coulibaly. Nous allons la confisquer et la présenter aux autorités. »

Si la pratique s’est banalisée, ces veilleurs de nuit n’ont qu’une existence informelle et ne sont pas légalement autorisés à faire appliquer ces règles. Ils seraient plus de 200 000 aujourd’hui, soit quatre fois plus qu’il y a vingt ans, et plus nombreux que les policiers ivoiriens. Principalement positionnés au nord et à l’ouest du pays, les dozos ne cesseraient d’augmenter. Dans de nombreux lieux reculés, ils pallient l’absence des forces de l’ordre. « Nous vivons dans un pays pauvre et le gouvernement n’a pas les moyens de surveiller tout le territoire, justifie Bakary Ouattara. Nous le faisons par héritage, tradition et passion. »

Connaisseurs savants de la nature, qu’ils apprennent grâce à de longues années d’initiation dans les forêts sacrées, supposément dotés de pouvoirs magiques, comme celui de résister aux balles, les dozos sont très respectés dans les villages du nord du pays...


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