Côte d'Ivoire/Presse écrite: déclaration des travailleurs de la matinale sur l’issue de leur grève de la faim
I. LES FAITS
Les journalistes du quotidien La Matinale ont entamé le 21 Novembre 2016
une grève de la faim à la Cathédrale Saint Paul d’Abidjan, au Plateau. Au cœur des
revendications, les grévistes dénonçaient leur mise au chômage déguisée depuis le
mois de décembre 2015 et le non paiement de leur salaire depuis le mois de mars
2016.
En effet, à la suspension de la parution du journal le 30 Décembre 2015, la
direction du RDR, le parti au pouvoir qui en est le promoteur, a promis par la
voix du Directeur de la Publication et Directeur de cabinet adjoint du
Secrétaire général par intérim du RDR, M. Diabaté Lanciné, de reprendre les
publications dans un bref délai avec une nouvelle entreprise de presse en
création. Notamment, les Editions « Vivre Ensemble » qui devrait éditer le
quotidien « Le Rassemblement ». Un an après, ledit projet reste au stade de
projet, pendant que les travailleurs sans ressources vivent dans une situation
de déshumanisation.
Le 24 Novembre 2016 quatre représentants des travailleurs grévistes ont
rencontré Mme Jeanne Peuhmond, Secrétaire générale adjoint du RDR en charge de
la trésorerie, et par ailleurs, Gérante et Directrice financière du journal La
Matinale, jusqu'à la suspension de ses parutions le 30 Décembre 2015. Et
ce, en présence de M. Diabaté Lanciné et M. Koné Idriss, un proche
collaborateur de Mme Jeanne Peuhmond et responsable financier de
l’Administration du RDR. Les représentants des travailleurs ont posé
trois revendications essentielles au cours de cette rencontre:
1-Le paiement de huit (8) mois d'arriérés de salaires accumulés depuis
la fin du mois de Mars 2016, du fait de la publication manquée du nouveau
journal du RDR (Le Rassemblement) en Avril 2016, comme annoncé le 29 Mars
2016 au siège du RDR par M. Diabaté Lanciné, au cours d’une réunion avec tous
les travailleurs.
2-L'obtention immédiate de la date définitive de parution du journal Le
Rassemblement dans lequel une bonne partie des ex-travailleurs de La Matinale
est censée être reversée.
3-Le paiement d'indemnités aux travailleurs qui ne seront pas retenus dans
la nouvelle équipe rédactionnelle.
Tout en prenant actes de ces trois revendications, Mme Jeanne Peuhmond
a promis en ce qui concerne la première requête, de voir dans les jours
qui suivent comment éponger ces arriérés de salaires dans un cadre social. Elle
avait d'ailleurs promis un début d'application dès le lendemain avec le
paiement d'une partie de ces arriérés.
Aussi, s'agissant de la deuxième revendication, Mme Jeanne Peuhmond a
indiqué que les responsables du projet du journal travaillent au niveau de la
Direction du RDR pour qu'il sorte enfin dans les kiosques en Janvier 2017. Au
regard de ces acquis dans les négociations, les travailleurs ont décidé le
lundi 28 Novembre 2016 de suspendre la grève de la faim.
Le Mercredi 30 Novembre 2016, en attendant l'application des mesures
arrêtées au cours de la réunion du 24 Novembre, Mme Jeanne Peuhmon dans
son élan de générosité a remis à chaque travailleur un forfait de 100 000
F CFA, afin de permettre au personnel qui est en chômage depuis 12 mois, de
souffler un tant soit peu.
Depuis cette date, toutes les démarches entreprises auprès de Mme Jeanne
Peuhmond pour poursuivre la dynamique du dialogue social que nous avons pu par
la force des choses établir grâce à l’initiative de cette grève de la
faim, sont restées sans suite.
II. NOTRE
POSITION
Au regard de ces faits ci-dessus énumérés et devant l’inaction de la
Direction du RDR quand à la reprise effective de son journal en Janvier 2017,
le Collectif des travailleurs de La Matinale ne saurait se taire face à de tels
actes. C’est pourquoi, il tient officiellement à :
condamner cette attitude de la Gérante et Directrice financière du journal
La Matinale, qui semble refuser de transformer en actes les engagements qu’elle
a pris au cours de la rencontre du 24 Novembre 2016, afin d’inviter les
travailleurs à suspendre leur grève de la faim.
réaffirmer, tout en prenant l’opinion nationale et internationale à
témoin, sa détermination à dire non à cette situation indigne et dévalorisante
dans laquelle le maintient la direction du RDR depuis l’entame de son projet de
création d’un nouveau journal, il y a de cela un an.
lancer un appel pressant au Président de la République, Alassane
Ouattara, afin qu’il agisse avec diligence, en disant juste un mot, pour mettre
fin à cette injustice sociale que nous fait subir la Direction du RDR, dans un
Etat de droit, qui aspire à l’émergence à l’horizon 2020.
tirer la conclusion que le projet du journal n’est plus viable. En
conséquence, sa sortie est hypothétique. Les travailleurs se réservent donc le
droit d’entreprendre dans les jours à venir, des actions pour amener les
responsables du RDR à leur verser leurs arriérées de salaire qui s’élèvent
à huit (8) mois -Avril 2016 à Novembre 2016-.
remercier toute la presse qui s’est saisie de cette situation humiliante
que vivent d’honnêtes citoyens -qui ont travaillé dans le journal d’un parti un
pouvoir-, pour en faire un large écho dans les médias. Aussi, le Collectif
voudrait-il exprimer sa gratitude au Ministère de la Communication et à toutes
les organisations professionnelles du secteur des médias, pour leur implication
dans les négociations avec la Direction du RDR.
Fait à Abidjan, le 31 Décembre 2016
Le
Collectif des travailleurs de La Matinale